La santé mentale est un sujet qui est désormais abordé chaque jour dans nos médias. Très souvent, cette question m’est posée : est-ce qu’aujourd’hui plus de personnes souffrent de troubles psychiques ou est-ce que l’on en parle plus qu’avant ?

Aujourd'hui, je vous partage ma vision sur cette évolution significative de l’intérêt que nous portons à ce sujet. Je vous propose de comprendre pourquoi il me semble essentiel de continuer à encourager la libération de la parole et à sensibiliser la population aux enjeux de la santé mentale, afin de mieux comprendre les troubles psychiques et de prévenir les risques psychosociaux au travail et dans la société en général.

Évolution du nombre de troubles psychiques ou libération de la parole sur le sujet ?

D’une part, il est possible que le nombre de personnes souffrant de mal-être voir de troubles psychiques augmente effectivement. Pour quelles raisons ? Le stress, l'isolement social, la pression professionnelle, la précarité financière, les traumatismes ou encore les changements sociaux peuvent contribuer au développement des personnes s’exprimant sur leurs troubles psychiques. Les données épidémiologiques montrent également une augmentation de la prévalence de certains troubles mentaux, tels que la dépression ou les troubles anxieux, dans de nombreux pays.

D'autre part, l'augmentation de la sensibilisation et de la prise de conscience des troubles psychiques dans la société peut également jouer un rôle important. Il est possible que les progrès de la médecine, de la psychologie et de la psychiatrie aient permis une meilleure identification et un meilleur diagnostic des troubles psychiques. La lutte contre la stigmatisation et la promotion de la santé mentale incitent davantage de personnes à se confier et à chercher de l'aide lorsqu’ils sont en situation de mal-être. Et je dois dire que cela est très rassurant pour les personnes qui comme moi, oeuvre dans ce sens au quotidien.

Il est clair que la sensibilisation croissante à la santé mentale peut contribuer à une meilleure prise en charge des personnes en situation de mal-être et à une amélioration de notre qualité de vie en règle générale.

Mais alors, comment peut-on s’appuyer sur cette avancée pour favoriser la prévention des risques psychosociaux ?

Comment lier prévention des risques psychosociaux et prévention en santé mentale ?

La prévention en santé mentale et la prévention des risques psychosociaux sont deux notions étroitement liées mais qui ne doivent pas être confondues. La prévention en santé mentale concerne la promotion du bien-être psychologique et de la santé mentale, tandis que la prévention des risques psychosociaux se concentre sur la réduction des facteurs de stress au travail.

L'angle innovant que je vous propose sur cette thématique est de considérer la prévention en santé mentale comme une dimension de la prévention des risques psychosociaux. En effet, une approche holistique de la prévention des risques psychosociaux doit inclure la promotion du bien-être psychologique et une meilleure compréhension de la santé mentale au travail.

La prévention en santé mentale peut aider à prévenir les risques psychosociaux en favorisant un environnement de travail sain et en renforçant la résilience de chacun face aux facteurs de stress.

Mais si l’on regarde la pièce de l’autre côté on s’aperçoit que la prévention des risques psychosociaux peut également contribuer à la prévention en santé mentale en identifiant et en réduisant les facteurs de stress spécifiques liés au travail. 

Si l’on prend du recul, on prend conscience que la prévention en santé mentale et la prévention des risques psychosociaux sont deux facettes d'une même problématique, celle de la promotion de la santé psychologique et du bien-être au travail. Intégrer une approche globale de la prévention des risques psychosociaux en y incluant des stratégies de prévention en santé mentale renforce l'efficacité des initiatives de prévention en matière de santé mentale au travail.

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La prévention en santé mentale peut passer par plusieurs actions, comme la mise en place de formations pour les managers et les salariés, la promotion d'une culture de bien-être psychologique, la création d'un dispositif d'écoute et de soutien pour les salariés en difficulté, ou encore la conduite d'un audit RPS pour identifier les facteurs de risques psychosociaux dans l'organisation.

Alors par quoi commence-t-on ?

La première étape pour comprendre la santé mentale est de savoir repérer les signes qui indiquent que l'on commence à aller mal. Ces signes peuvent varier d'une personne à l'autre, mais il est important de les connaître pour pouvoir agir rapidement. Il est également important de savoir détecter et exprimer quand une situation nous dérange, nous blesse ou nous pressurise. Plus on prend conscience de nos émotions et de nos besoins, plus on peut agir pour les préserver.

  1. Les signes de mal-être peuvent varier d'une personne à l'autre, mais il est important de les connaître pour agir rapidement.
  2. Les signes peuvent inclure des changements de comportement, des sautes d'humeur, une baisse de motivation, un retrait social, des troubles du sommeil ou de l'appétit, etc.
  3. Il est important de se rappeler que les troubles mentaux sont courants et ne doivent pas être stigmatisés.
  4. Les troubles psychiques peuvent être causés par des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux ou environnementaux.
  5. La prévention et la prise en charge de la souffrance psychologique sont essentiels pour préserver la santé mentale.
  6. Chercher de l'aide auprès d'un professionnel de la santé mentale si l'on rencontre des difficultés psychologiques persistantes est essentiel.
  7. En identifiant les signes de mal-être chez soi et chez les autres, on peut contribuer à prévenir les risques psychosociaux et à favoriser un environnement de travail et de vie sain.

Comment puis-je différencier un état de mal-être avec un trouble psychique ?

La différence entre une santé mentale dégradée et un trouble psychique peut être subtile, mais elle est importante.

Une santé mentale dégradée peut être due à divers facteurs, tels que le stress, la fatigue, la pression, les événements de vie difficiles ou la solitude. Elle se caractérise par une détérioration temporaire du bien-être psychologique, qui peut affecter l'humeur, le comportement ou les performances quotidiennes d'une personne. Par exemple, une personne peut se sentir triste, anxieuse, irritable ou fatiguée, ou avoir des difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions.

En revanche, un trouble psychique est une condition psychologique qui persiste dans le temps et qui a un impact significatif sur la vie d'une personne. Cela affecte notre capacité à travailler ou à maintenir des interactions sociales. Les troubles psychiques peuvent être causés par des facteurs biologiques, génétiques, environnementaux ou psychologiques, et ils se caractérisent par des symptômes spécifiques qui répondent à des critères diagnostiques précis.

Les exemples courants de troubles psychiques incluent la dépression, l'anxiété, les troubles bipolaires, les troubles de la personnalité, les troubles alimentaires, les troubles liés à l’utilisation de substances, etc.

Si je résume, la différence entre une santé mentale dégradée et un trouble psychique est que la première est une détérioration temporaire du bien-être psychologique, tandis que le second est une condition psychologique persistante qui a un impact significatif sur la vie d'une personne.

Si l’on agit dès la situation de mal-être, on a plus de chance de se rétablir rapidement.

Une fois que l’on sait reconnaitre les signaux faibles pour nous-même, que pouvons-nous faire ?

Une fois que l'on sait repérer les signes de mal-être chez soi, il est important d'être les alliés les uns pour les autres. En effet, face à un collaborateur qui va mal, on aimerait pouvoir lui apporter de l'aide, mais on ne sait pas toujours comment s'y prendre.

À quel moment en parler ? Quoi dire ? Vers qui orienter ?

Il est donc important d'avoir des clés pour s'aider soi-même mais également pour aider l'autre, sans pour autant se substituer à un thérapeute ou à un professionnel de santé.

Voici 10 clés pour aider l'autre, mais aussi pour s'aider soi-même sans pour autant se substituer à un thérapeute ou à un professionnel de santé :

  • Écouter activement la personne concernée sans la juger ni minimiser ses difficultés.
  • Respecter les limites de chacun et ne pas se mettre en danger soi-même.
  • Se montrer bienveillant, sans chercher à imposer ses solutions ou ses opinions.
  • Proposer de l'aide sans se substituer à un professionnel de santé ou à un thérapeute.
  • Orienter la personne vers les ressources appropriées à sa situation, telles qu'un médecin, un psychologue, une association, etc.
  • Respecter la décision de la personne et ne pas la forcer à accepter une aide qu'elle ne souhaite pas.
  • Prendre le temps de se renseigner sur les troubles mentaux pour mieux comprendre la situation de la personne concernée.
  • Se fixer des limites claires et prendre du temps pour soi pour éviter l'épuisement émotionnel.
  • Se ressourcer et se confier à des proches ou à un professionnel si besoin.
  • Être un soutien positif pour la personne, en valorisant ses forces et en la motivant à se prendre en charge pour améliorer sa santé mentale.

Tout d'abord, il est important de prendre le temps de parler avec la personne concernée. Il ne s'agit pas de poser des questions intrusives, mais plutôt de lui laisser la possibilité de s'exprimer sur ce qu'elle ressent. Il est important de se montrer bienveillant, sans jugement et sans chercher à minimiser les difficultés qu'elle rencontre. Ensuite, il peut être utile de proposer de l'aide en orientant la personne vers les ressources adaptées à sa situation. Cela peut être un psychologue, un médecin, une assistante sociale, une association, etc. Il est important de respecter la décision de la personne et de la soutenir dans ses démarches.

Prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres
En favorisant la prévention en santé mentale, les organisations peuvent améliorer la qualité de vie au travail de leurs salariés, renforcer leur engagement et leur motivation, et améliorer leur performance globale. Alors n'hésitez plus à agir pour la santé mentale de vos salariés et de votre entreprise !

Prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres 

Il est également essentiel de prendre soin de soi pour pouvoir aider les autres. En effet, accompagner une personne en souffrance peut être éprouvant émotionnellement et il est important de ne pas s'oublier soi-même. Pour cela, il est recommandé de se fixer des limites claires, de prendre du temps pour soi, de se ressourcer et de se confier à des proches ou à des professionnels si besoin.

Je m'appelle Alice et je travaille dans une entreprise depuis plus de 10 ans. Il y a quelques semaines, après avoir été formé à la prévention des risques psychosociaux, j’ai remarqué que l'une de mes collègues, Sophie, semblait déprimée et stressée. J'ai pris le temps de l'écouter, de la soutenir et de l'orienter vers des ressources appropriées. Ce qui était un vrai plus, c’est que grâce à ce que nous avions appris pendant ces deux jours de formation, je me sentais confiante pour l’aider à trouver ses solutions. Cela m'a fait du bien de pouvoir l'écouter et de savoir que je pouvais être un soutien positif.

Par contre, après avoir aidé Sophie, j'ai ressenti que j’avais besoin de prendre soin de moi parce que je me sentais épuisée émotionnellement. J’avais noté plusieurs moyens de me ressourcer et de prendre du temps pour moi. J’ai utilisé le levier qui me parlait le plus : la relaxation. J’ai commencé à pratiquer la méditation pour me détendre et me recentrer sur moi-même.

Pour Alice, le levier a été la méditation. Mais chacun peut mobiliser ses propres ressources :

  • L'exercice physique : je me dépense en faisant des promenades, du yoga et de la danse pour libérer mon esprit et évacuer le stress accumulé.
  • Le contact avec la nature : je passe plus de temps en nature, à admirer les paysages et à respirer l'air frais pour me ressourcer.
  • Les moments de détente : je prends le temps de lire des livres, d'écouter de la musique, de regarder des films ou de cuisiner pour me détendre et me divertir.
  • Les contacts sociaux : je prends du temps avec mes amis, ma famille et mes collègues pour éviter l'isolement et me sentir soutenu.

En utilisant ces leviers, nous pouvons prendre soin de nous et nous ressourcer après avoir aidé. C’est un élément essentiel pour maintenir une bonne santé mentale et être un soutien positif pour les autres.

Parler de santé mentale, ça s’apprend.

Il n'y a pas de honte à éprouver des difficultés psychologiques et il est essentiel de briser les tabous pour pouvoir agir efficacement. Plus on sera informé et outillé sur le sujet, plus on pourra aider les personnes en souffrance et contribuer à la prévention des risques psychosociaux.

  • Sensibilisation : Une meilleure connaissance de la santé mentale et des troubles psychiques peut aider à briser les tabous et à réduire la stigmatisation. Cela peut inciter les personnes à chercher de l'aide plus tôt, ce qui peut contribuer à prévenir l'aggravation des personnes en souffrance au travail. 
  • Prévention : En apprenant à reconnaître les signes de mal-être, les personnes peuvent agir plus rapidement pour prévenir les risques psychosociaux, tels que le stress, l'épuisement professionnel mais également le harcèlement, la violence au travail, la discrimination. Cela peut aider à prévenir les absences prolongées et les arrêts maladie liés aux motifs psychologiques.
  • Intervention précoce : Une meilleure connaissance des ressources et des professionnels de la santé mentale en interne et en externe peut aider les personnes à orienter vers les services de soutien et les accompagnements appropriés. Une intervention précoce peut aider à prévenir l'aggravation des troubles psychiques et améliorer les chances de rétablissement.
  • Promotion de la santé mentale : Une meilleure connaissance des pratiques de promotion de la santé mentale, telles que l'activité physique, la relaxation, la gestion du stress et l'équilibre travail-vie personnelle, peut aider les personnes à maintenir leur bien-être psychologique et à prévenir les risques psychosociaux.

J’en suis convaincue : parler de santé mentale au travail est un enjeu majeur pour prévenir les risques psychosociaux et favoriser un environnement de travail sain. Comprendre la santé mentale, apprendre à repérer les signes de mal-être, savoir détecter et exprimer ses émotions et ses besoins, ainsi qu'être un soutien positif pour les autres, sont des compétences qui s'apprennent et qui contribuent à maintenir une bonne santé mentale.

Briser les tabous et la stigmatisation liés à la santé mentale et de promouvoir une culture de bien-être psychologique au travail, c’est l’avenir. Les dirigeants ont un rôle essentiel à jouer en comprenant l’intérêt de mettre en place des politiques et des pratiques de prévention des risques psychosociaux, en offrant des ressources de soutien et en sensibilisant le personnel à la santé mentale.

Parler de santé mentale au travail est une démarche proactive qui peut contribuer à prévenir les risques psychosociaux, à améliorer la qualité de vie au travail et à favoriser un environnement de travail sain et productif pour tous.

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