Peut-on aller mal et être un bon dirigeant

C’est l’histoire d’Agathe primo-entrepreneure. Chaque semaine 60h minimum de travail, une équipe qui grandit, des budgets à présenter et à gérer seule. Dans les coulisses, sa vie est ponctuée d’insomnies, de perte d’appétit, de maux de tête. Son entourage à qui elle ne consacre désormais que peu de temps se demande qui elle est devenue. Et puis un jour, Agathe n’arrive plus à se lever. C’est le coup d’arrêt forcé.

L'histoire de millliers d'Entrepreneurs

Cette histoire, c’est celle de milliers d’Entrepreneurs qui ont pour la plupart reçu des formations sur le business plan ou le développement commercial. Mais aucune sur le fait que l’on peut tomber malade d’être trop passionné, d’être trop impliqué. D’avoir trop de choses à gérer.

Ce sujet, qui n’est quasiment pas abordé dans l’entrepreneuriat, c’est celui de l’impact de la santé mentale du Dirigeant sur l’entreprise.

Diriger, c'est incarner une forme d'invulnérabilité

Mais qui pourrait penser que la figure du Dirigeant puisse être concernée par un problème de santé mentale ? Lui qui incarne la force et l’invulnérabilité ?

Pourtant, en France, c’est 1 personne sur 5 qui est touchée chaque année par un trouble psychique, selon le ministère des Solidarités et de la santé.

Le titre, le pouvoir, le statut, personne n'est à l'abri

Lorsque l'on évoque les troubles psychiques, on parle de maux comme la dépression, l’anxiété, les troubles du sommeil, du comportement alimentaire, de l’attention, l’épuisement professionnel.

Hommes ou femmes, les problèmes mentaux font partie des risques qui pèsent sur la santé des Entrepreneurs (donc de l’entreprise), et ces chiffres* parlent d’eux-mêmes :

  • Sur les 12 derniers mois, une personne sur 10 a vécu un épisode dépressif. Les femmes sont plus touchées que les hommes. C’est également le cas pour les troubles anxieux. Comment cela s’explique ? Elles sont plus engagées dans le rôle familial et consacrent plus de temps à être en famille que les hommes. On évoque également la multiplicité des rôles qui peut entraîner un épuisement généralisé lié à la multitude de choses à faire et à gérer au quotidien .
  • 44% des dirigeants disent subir du stress au quotidien, et 92% d’entre eux disent avoir connu une surcharge de travail au cours de 12 derniers mois. Un terrain propice pour l’épuisement professionnel. Les hommes touchés par le burn-out connaissent des symptômes plus prononcés que les femmes. Cela est dû à l’image sociale qui peut enfermer les hommes dans le silence et qui les freine lorsqu’ils souhaitent demander de l’aide.

Santé mentale : renforcer la prévention auprès des dirigeants

Je propose d’agir en prévention en formant l’éco-système de l’Entrepreneur et en sensibilisant le Dirigeant lui-même à ce sujet. Différentes actions paraissent essentielles :

  • Faire connaître les premiers signes et les outils d’évaluation : comme l’échelle HAD qui mesure les états dépressifs ou l’outil de repérage du burn out entrepreneurial développé par l’Observatoire Amarok.
  • Mettre en lumière et dédiaboliser les visites auprès des professionnels de santé : médecin généraliste (recommandé en premier lieu), psychiatre, psychologue, par exemple.
  • Développer les sensibilisations/formations pour ancrer dans le milieu entrepreneurial, une culture de la prévention en santé mentale, qui repose sur une connaissance et une compréhension des mécanismes des troubles psychiques les plus communs.

J’encourage tout le monde, et pas seulement les entrepreneurs, à demander de l’aide lorsqu’ils en ressentent le besoin. C’est cette preuve inégalable de force et de courage qui permettra de briser la stigmatisation autour de la santé mentale.

Retrouvez chaque mois nos articles sur santedudirigeant.fr 

* sources : Étude 2021 Malakoff Humanis et manuel PSSM France

Souffrance des dirigeants, mal-être dirigeant