En tant que professionnelle de la prévention en santé mentale, j’ai souvent le privilège d’observer le fonctionnement des individus au cœur de leur quotidien. Cette capacité à fonctionner, à faire face aux défis de la vie et à interagir avec leur environnement, constitue une dimension essentielle de la santé mentale. Cependant, dans mon métier, cette observation se concentre bien souvent sur les aspects négatifs : incapacités, limitations, désengagement, isolement. Mon rôle intervient généralement en prévention secondaire ou tertiaire, pour accompagner des structures ou des personnes déjà en difficulté. Trop rarement, je suis sollicitée lorsque tout va bien.
Pourtant, le fonctionnement humain ne se réduit pas à ses vulnérabilités. Il existe aussi une facette positive, riche et inspirante : les capacités, l’autonomie, la participation sociale, et la contribution active à la vie collective. C’est cette dimension positive de la santé mentale, particulièrement dans le cadre professionnel, que j’aimerais explorer avec vous aujourd’hui.
Comment les conditions de travail, l’organisation et la culture d’entreprise peuvent-elles nourrir non seulement un fonctionnement psychologique sain, mais aussi un fonctionnement physique et social ? Quels leviers permettent d’encourager une autonomie accrue, de promouvoir une qualité de sommeil optimale, une nutrition équilibrée ou encore une inclusion sociale renforcée ? Dans cet article, nous réfléchirons ensemble à ces pistes, avec l’objectif de protéger et d’améliorer la santé mentale de toutes les personnes en milieu professionnel, qu’elles soient ou non concernées par des troubles psychiques.
Les 3 dimensions de la santé mentale
La santé mentale est l’une des trois dimensions fondamentales de notre santé globale, au même titre que la santé physique et la santé sociale. Comme le souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé ne se limite pas à l’absence de maladie, mais correspond à un état de bien-être complet. Cela inclut la capacité de chacun à s’épanouir dans sa vie personnelle, professionnelle et sociale.
La santé mentale repose sur un équilibre subtil entre notre état psychologique, notre santé physique et nos interactions sociales. Elle est influencée par des facteurs aussi divers que notre environnement familial, nos conditions de travail ou encore notre accès aux ressources essentielles comme l’éducation et les soins de santé. Mais cet équilibre est aussi dynamique : il peut évoluer selon les événements de la vie et les défis auxquels nous sommes confrontés.
« La santé mentale ne se définit pas seulement par l’absence de trouble mental. Il s’agit d’une réalité complexe qui varie d’une personne à l’autre, avec divers degrés de difficulté et de souffrance, ainsi que des manifestations sociales et cliniques très différentes. »
De plus, la santé mentale joue un rôle clé dans notre capacité à nous sentir bien physiquement et à maintenir des relations sociales enrichissantes. Elle est un pilier essentiel de notre bien-être global. En réalité, la santé mentale comprend trois domaines :
Les troubles psychiques
Un trouble psychique n’est pas une simple variation de l’humeur ou une réaction passagère à une difficulté de la vie. C’est bien plus profond. Il s’agit d’un état où les manifestations comme la tristesse intense, l’incapacité à se concentrer, les comportements inhabituels ou la perte de motivation deviennent persistants, envahissants, et surtout perturbent le fonctionnement quotidien de la personne. Ces troubles peuvent prendre des formes et des intensités variées.
Lorsque la détresse devient chronique et commence à affecter la capacité à travailler, à interagir avec les autres, ou simplement à mener une vie épanouie, il est temps de s'interroger sur la présence potentiel d’un trouble caractérisé.
La détresse psychologique réactionnelle
La détresse psychologique réactionnelle, c’est cette tempête intérieure qui se lève face aux coups durs de la vie. Perte d’un être cher, rupture, maladie, chômage… Ces événements bouleversants nous font vaciller. Et c’est normal.
Cette détresse, aussi douloureuse soit-elle, est une réaction humaine, naturelle et transitoire. Elle nous rappelle que nous sommes vivants, que nous ressentons, et que nous sommes capables de transformation. Mais attention : transitoire ne signifie pas sans impact. Si cette souffrance s’installe, si elle devient le filtre permanent par lequel nous percevons notre monde, elle peut glisser insidieusement vers un trouble psychique nécessitant une prise en charge.
La clé, c’est le temps et l’intensité. Quelques jours d’abattement ou de larmes ne définissent pas un problème de santé mentale. Mais si cette détresse s’intensifie, qu’elle vous empêche de vivre, d’aimer, de travailler ou même de prendre soin de vous, il est temps de tendre la main pour chercher de l’aide.
La détresse psychologique réactionnelle est une phase, pas une identité. Elle peut être traversée, surmontée, et parfois même, elle nous pousse à grandir. Mais pour cela, il faut accepter qu’elle existe et savoir repérer le moment où elle dépasse le seuil du supportable. C’est là que commence le chemin vers le mieux-être.
La santé mentale positive
La santé mentale positive, c’est bien plus que l’absence de troubles ou de maladies. C’est cet état de bien-être où l’on se sent maître de sa vie, capable de surmonter les défis quotidiens, de travailler efficacement et de contribuer activement à sa communauté. Elle englobe trois dimensions essentielles :
- Le bien-être émotionnel : ressentir des émotions positives, être satisfait de sa vie.
- Le fonctionnement psychologique : avoir une bonne estime de soi, donner un sens à sa vie, se sentir compétent et autonome.
- Le fonctionnement social : se sentir intégré, avoir des relations satisfaisantes, contribuer à la société.
Atteindre une santé mentale positive, c’est cultiver ces aspects pour s’épanouir pleinement. Cela implique de développer ses compétences psychosociales, comme la gestion du stress, la communication efficace et la résilience. C’est un processus actif qui nécessite un engagement personnel et collectif..
Comment le travail peut favoriser la santé mentale ?
Les pratiques vertueuses qui favorisent notre santé mentale au travail
En France, les salariés à temps complet déclarent une durée habituelle hebdomadaire de travail de 38,9 heures en 2022. Ce temps passé façonne bien plus que nos horaires : il influence notre état d’esprit, notre énergie, et notre bien-être global. Le travail ne devrait pas être seulement un lieu où l’on dépense son énergie, mais un espace qui nous en restitue. C’est un équilibre délicat, mais essentiel, pour prévenir le mal-être et l’épuisement mental.
Un environnement professionnel sain et ressourçant agit comme un rempart contre les dérives du stress chronique et de la fatigue psychologique. Lorsqu’il est pensé avec soin, le cadre de travail devient un lieu où l’on peut s’épanouir, trouver du sens et nourrir son sentiment d’utilité. À l’inverse, si ces besoins fondamentaux ne sont pas comblés, le travail peut devenir une source majeure de mal-être.
Pour favoriser la santé mentale, il est impératif de s’intéresser aux leviers organisationnels. Comment structurer les conditions de travail pour qu’elles soutiennent la motivation, renforcent l’autonomie, et offrent un climat relationnel bienveillant ? Ce sont ces pistes que nous allons explorer ensemble, en mettant en lumière les pratiques les plus vertueuses pour faire du travail non pas un facteur de risque, mais un atout pour notre bien-être mental.
Les vertus de la solidarité au travail
La solidarité, c’est bien plus qu’un simple concept : c’est l’essence même d’une équipe soudée. Elle se manifeste lorsque les membres d’un groupe unissent leurs forces pour atteindre un objectif commun, créant ainsi un environnement où chacun se sent soutenu et valorisé. À l’opposé, l’isolement au sein du milieu professionnel prive les individus de ce soutien indispensable, pouvant mener à un sentiment de solitude et de détresse.
L’adage « Seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin » illustre parfaitement l’importance de la solidarité au travail. En favorisant la collaboration et l’entraide, elle permet non seulement d’améliorer l’efficacité collective, mais aussi de renforcer le bien-être individuel. Un environnement professionnel solidaire se traduit par des gestes concrets :
- Un manager attentif qui, conscient des contraintes personnelles d’un collaborateur, propose un aménagement d’horaires adapté.
- Des collègues qui partagent leurs expériences, s’encouragent mutuellement et offrent leur aide en cas de besoin.
- La mise en place d’initiatives collectives, telles que des ateliers ou des activités collectives, visant à renforcer les liens entre les membres de l’équipe.
Ces actions, bien que simples, ont un impact significatif sur la cohésion d’équipe et la santé mentale des employés. Selon une étude de la DARES, un environnement de travail caractérisé par une forte intensité et une faible autonomie peut nuire à la santé mentale des travailleurs. À l’inverse, un climat de solidarité et de soutien mutuel contribue à atténuer ces effets négatifs, en offrant aux employés un réseau de soutien sur lequel ils peuvent compter.
En somme, cultiver la solidarité au sein de l’entreprise n’est pas seulement bénéfique pour l’atteinte des objectifs professionnels, mais constitue également un pilier essentiel de la santé au travail.
Redonner du sens : le sentiment d’accomplissement, rempart contre l’épuisement professionnel
Le "bore-out", ça vous dit quelque chose ? Ce terme, dérivé de l'anglais "bored" signifiant s'ennuyer, désigne un syndrome d'épuisement professionnel insidieux, mais tout aussi dévastateur que le burn-out. Contrairement à ce dernier, le bore-out trouve sa source dans l'ennui profond et le manque de stimulation au travail. Quand nos journées s'étirent sans but, que nos tâches nous paraissent dénuées de sens, c'est là que le bore-out s'installe, sapant notre énergie et notre motivation.
Le sentiment d'accomplissement est un pilier essentiel de notre épanouissement professionnel. Savoir que notre travail a de la valeur, qu'il contribue à quelque chose de plus grand, nourrit notre estime de soi et notre engagement. À l'inverse, l'absence de défi ou de reconnaissance peut mener à une lassitude profonde, aux conséquences parfois aussi graves qu'une surcharge de travail.
Notre cerveau est programmé pour rechercher un équilibre entre stimulation et repos. Une charge de travail inadaptée, qu'elle soit excessive ou insuffisante, perturbe cet équilibre fragile. La clé réside dans une communication ouverte et des échanges réguliers. Ces moments permettent d'ajuster les missions en fonction des besoins de l'entreprise et des aspirations des collaborateurs.
Pour illustrer l'ampleur du phénomène, une étude menée par Ignition Program en 2023 révèle que près de 40 % des salariés français se sentent en souffrance ou soumis à un stress élevé, avec une proportion significative souffrant de bore-out.
En somme, prévenir le bore-out nécessite une attention constante à la charge de travail et à la reconnaissance des efforts. C'est en valorisant chaque contribution et en offrant des défis adaptés que l'on peut maintenir un sentiment d'accomplissement, véritable rempart contre l'épuisement par ennui.
La théorie de l’auto-détermination : au cœur de la motivation et de la santé au travail
Et si la clé de la santé au travail résidait dans un autre regard sur l’entreprise, notre rapport aux autres et la manière dont nous nous motivons ? La prévention primaire, qui vise à éviter l’apparition même des risques pour la santé mentale, passe par une réflexion profonde sur les fondamentaux de l’organisation du travail. C’est ici qu’intervient la théorie de l’auto-détermination, développée par Edward Deci et Richard Ryan.
Cette théorie, à la croisée de la psychologie et des sciences sociales, met en lumière trois besoins psychologiques fondamentaux qui, lorsqu’ils sont satisfaits, nourrissent la motivation intrinsèque et le bien-être :
Le besoin d'autonomie
L’autonomie est un besoin psychologique fondamental, un socle sur lequel repose notre motivation. Mais attention, autonomie ne signifie pas indépendance totale ou isolement. Il s’agit plutôt de se sentir libre d’agir, de faire des choix, et de contribuer au sein d’un cadre qui respecte notre individualité.
Au travail, ce besoin se manifeste dans plusieurs dimensions : la capacité à organiser son emploi du temps, à prioriser ses tâches, et à avoir une marge de manœuvre dans la manière d’accomplir ses missions. Quand ce besoin est satisfait, les salariés se sentent responsables de leurs actions, ce qui renforce leur implication et leur satisfaction professionnelle. À l’inverse, un manque d’autonomie – qu’il s’agisse d’un contrôle excessif, d’instructions rigides, ou d’un manque de confiance – peut rapidement devenir source de frustration, voire de détresse psychologique.
Comment favoriser l’autonomie dans l’entreprise ?
- Encourager la prise d’initiative : laissez les collaborateurs proposer des solutions et des idées, même s’il faut parfois ajuster.
- Clarifier les objectifs tout en laissant de la flexibilité : définissez le "quoi", mais laissez les collaborateurs déterminer le "comment".
- Proposer des formations : renforcer les compétences des salariés leur donne confiance et augmente leur capacité à travailler en autonomie.
- Adopter une posture de manager qui accompagne : guider plutôt que de diriger. Posez des questions, écoutez, et éclairez sans imposer.
Le besoin de compétence
Se sentir compétent, utile, capable de relever les défis professionnels : voilà un autre pilier essentiel de la santé psychologique au travail. Le besoin de compétence, comme l’expliquent Deci et Ryan dans leur théorie de l’auto-détermination, renvoie à la satisfaction que nous éprouvons lorsque nous maîtrisons une tâche, atteignons un objectif ou acquérons de nouvelles connaissances.
Ce besoin dépasse le simple cadre des compétences techniques. Il s’agit d’un ressenti global, celui de savoir que l’on apporte une valeur réelle à son équipe et à son organisation. C’est ce sentiment qui alimente la confiance en soi, la motivation et l’envie d’aller plus loin. Mais lorsqu’il est ignoré – quand un salarié ne reçoit pas de feedback, est cantonné à des tâches répétitives ou se sent sous-utilisé – cela peut engendrer un désengagement profond et, dans certains cas, contribuer au bore-out.
Comment cultiver ce sentiment de compétence dans l’entreprise ?
- Proposer des objectifs clairs et atteignables : des défis réalistes et adaptés au niveau des collaborateurs permettent de maintenir un sentiment de progression.
- Favoriser le développement des compétences : proposez des formations régulières, des projets variés ou des mentorats pour enrichir les savoirs et les savoir-faire.
- Offrir un feedback constructif : prenez le temps de souligner les réussites, mais aussi d’accompagner les axes d’amélioration. Un retour bienveillant et précis est un levier puissant pour renforcer le sentiment de compétence.
- Encourager l’innovation et la créativité : permettez aux salariés d’expérimenter et de proposer des idées, même en dehors de leur cadre habituel.
Le besoin de relations sociales
Se sentir soutenu, compris, et connecté aux autres : voilà le troisième besoin fondamental identifié par Deci et Ryan dans leur théorie de l’auto-détermination. Au travail, comme dans la vie, les relations sociales jouent un rôle central dans notre équilibre psychologique. Nous sommes des êtres sociaux, et notre bien-être dépend largement de la qualité des interactions que nous entretenons avec nos collègues, nos managers et nos équipes.
Un environnement professionnel où règne un véritable esprit de collaboration est une ressource précieuse pour la santé mentale. À l’inverse, l’isolement ou les tensions relationnelles peuvent rapidement devenir toxiques, menant à un désengagement émotionnel et à des risques accrus de stress, voire de dépression.
Comment créer des liens au travail ?
- Encourager la coopération : favorisez les projets collaboratifs qui impliquent des échanges et renforcent le sentiment d’appartenance.
- Développer une culture de la reconnaissance mutuelle : valorisez non seulement les résultats, mais aussi les efforts et l’entraide. Un simple "merci" ou "bravo" peut transformer une journée de travail.
- Soutenir les moments informels : laissez de la place aux relations humaines en dehors des tâches professionnelles – pauses cafés, déjeuners d’équipe, ou activités collectives.
- Adopter un management soutenant : un manager attentif aux besoins de ses collaborateurs renforce non seulement leur sentiment de sécurité, mais aussi leur engagement.
L’entrepreneuriat : le travail peut être un levier de santé mentale positive
Souvent perçu comme une source de stress intense, l’entrepreneuriat incarne également une vérité moins évoquée mais essentielle : le travail, quand il est porteur de sens et d’autonomie, est un puissant vecteur de santé mentale positive. Derrière les défis et la pression, les entrepreneurs trouvent dans leur activité une richesse psychologique unique qui alimente leur motivation, leur résilience et leur épanouissement.
Travailler avec passion : une énergie positive
L’une des forces majeures de l’entrepreneuriat réside dans le sens qu’il donne au travail. Créer, innover, développer un projet qui reflète ses valeurs et ses aspirations personnelles procure un sentiment d’accomplissement incomparable. Cette connexion avec un objectif clair et stimulant nourrit le bien-être psychologique et renforce l’estime de soi.
Une étude menée par l’Observatoire de l’Entrepreneuriat en France (2022) montre que 78 % des entrepreneurs considèrent leur travail comme un élément central de leur bonheur, précisément parce qu’il leur permet d’avoir un impact direct sur leur environnement.
Voici trois clés essentielles pour maintenir cet équilibre fragile et faire du travail un moteur de santé mentale positive.
Redonner du sens aux actions quotidiennes
Un travail dépourvu de sens engendre frustration et désengagement. Veillez à connecter vos tâches et missions à des objectifs plus grands, qu’ils soient personnels ou liés à l’entreprise. Si vous êtes manager, montrez à vos collaborateurs l’impact concret de leur contribution sur l’organisation et son environnement.
Rappel essentiel : Le sentiment d’accomplissement passe par la reconnaissance des efforts et des résultats, aussi modestes soient-ils.
Trouver un juste équilibre entre autonomie et collaboration
L’autonomie est un levier de motivation, mais elle ne doit pas isoler. Assurez-vous de disposer d’une marge de manœuvre pour organiser votre travail tout en cultivant des moments d’échange avec vos collègues. Pour les managers, offrez de la flexibilité tout en maintenant des espaces de dialogue réguliers pour renforcer le lien social.
Rappel essentiel : Le travail est une aventure collective. Les relations professionnelles solides protègent contre l’isolement et favorisent la résilience.
Respecter ses limites et celles des autres
Le surmenage comme l’ennui peuvent rapidement transformer le travail en une source de souffrance. Sachez évaluer et ajuster votre charge de travail pour qu’elle reste stimulante sans devenir écrasante. Managers, soyez attentifs aux signes de fatigue ou de démotivation chez vos équipes.
Rappel essentiel : Prendre soin de soi et des autres est une condition indispensable pour que le travail reste épanouissant.
S’inspirer de l’esprit entrepreneurial pour bâtir des organisations saines et épanouissantes
L’entrepreneuriat, avec sa quête de sens, d’autonomie et de passion, offre des enseignements précieux pour repenser nos structures organisationnelles. En adoptant certaines de ses caractéristiques, les entreprises peuvent créer des environnements de travail plus sains et propices à l’épanouissement de leurs salariés.
Des structures inspirées de l’entrepreneuriat
Certaines entreprises adoptent des modèles organisationnels inspirés de l’entrepreneuriat, favorisant l’autonomie et la coopération horizontale. Par exemple, les Sociétés coopératives et participatives (Scop) mettent en place une coopération horizontale tournée vers un engagement entrepreneurial alternatif, ce qui contribue à conjurer les risques pour la santé mentale et physique des travailleurs. Cependant, sans un encadrement adéquat, cette autonomie peut devenir une alternative « risquée », entraînant des pathologies somatiques et psychiques sévères chez les travailleurs.
La mise en place d’une organisation du travail reposant majoritairement sur l’autonomie et la liberté nécessite une coopération verticale et une autorité afférente pour prévenir les risques pour la santé des travailleurs. Le seul management par la performance ou par des indicateurs chiffrés ne suffit pas à créer une dynamique d'engagement au sein des équipes.
Des initiatives pour le bien-être des salariés
De nombreuses startups se sont lancées dans le développement de solutions visant à améliorer la santé mentale des salariés, en proposant des programmes de prévention, des plateformes d’écoute ou des outils de gestion du stress. Ces initiatives montrent une prise de conscience croissante de l’importance du bien-être au travail.
En s’inspirant de l’esprit entrepreneurial, les organisations peuvent instaurer une culture d’entreprise qui valorise l’autonomie, la reconnaissance et le soutien mutuel. Cela passe par une communication ouverte, une flexibilité dans l’organisation du travail et une attention portée à l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
En somme, en intégrant les principes de l’entrepreneuriat, les entreprises ont l’opportunité de créer des environnements de travail qui non seulement préservent la santé mentale des salariés, mais aussi les encouragent à s’épanouir pleinement.
Quelques mots pour conclure...
Le travail est un terrain de paradoxes. Il peut être source d’épanouissement, de fierté et de connexion, mais aussi de souffrance, de désillusion et d’épuisement. Cette dualité, largement explorée par la psychodynamique du travail, nous révèle une vérité essentielle : ce n’est pas le travail en soi qui blesse, mais la manière dont il est conçu, organisé et vécu.
En 2025, nous n’avons plus le luxe de l’aveuglement. Oui, le travail peut être difficile. Oui, il peut engendrer de la souffrance. Mais arrêtons de nous limiter à ces constats. Le véritable enjeu, le véritable courage, c’est d’aller au-delà. C’est d’oser regarder nos organisations en face, non pas pour colmater les brèches, mais pour repenser les fondations.
Qu’est-ce que le travail aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’il devrait être ? Une simple mécanique de production ou un espace de vie, d’épanouissement, de création ? Nous savons, grâce aux enseignements de la psychologie du travail et des sciences sociales, que les besoins fondamentaux des individus – autonomie, compétence, relations humaines – sont les mêmes que ceux qui nourrissent la performance collective.
Alors, pourquoi hésitons-nous encore à agir ? Parce que repenser le travail nécessite du courage. Le courage de remettre en question des systèmes établis, de questionner le sens profond de nos activités, de dialoguer sur ce qui compte réellement pour chacun d’entre nous. Ce n’est pas une utopie : des entreprises inspirées par l’esprit entrepreneurial montrent déjà qu’il est possible de créer des environnements où la santé mentale et la performance coexistent harmonieusement.
En 2025, le travail doit cesser d’être vu comme une fatalité. Il peut et doit être un levier de transformation positive, pour les individus comme pour la société. Mais cela ne se fera pas sans un engagement collectif fort. La question n’est plus seulement comment prévenir la souffrance ? mais comment redonner au travail tout son sens, toute sa richesse humaine ?
C’est une révolution silencieuse, mais vitale. Et elle commence maintenant, avec nous, avec vous. Soyons les acteurs d’un futur où le travail élève, connecte et inspire. Pas par obligation, mais parce que nous avons le pouvoir et la responsabilité de le faire.
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