Connaissez-vous le syndrome d’épuisement professionnel, appelé aussi “burn-out” ? Nous allons revenir sur la définition, les causes et les moyens de soigner ce syndrome du 21ème siècle.

Créé par Noémie Guerrin avec Adobe Firefly (2023, Tous droits réservés)

C’est quoi exactement un burn-out ?

À l’origine le terme « burn-out » décrit l’épuisement au travail de professionnels de l’aide et du soin. On retrouve aujourd’hui de nombreuses définitions. Elles convergent toutes sur au moins un point: le burnout se traduirait par un état d’épuisement professionnel (à la fois émotionnel, physique et psychique) ressenti face à des situations de travail « émotionnellement » exigeantes.

« Mon métier, je l’aime, je l’ai choisi, j’ai tout fait pour y arriver… Depuis plusieurs semaines, j’ai l’impression d’être vidé de l’intérieur. Je n’ai plus d’énergie pour me lever le matin, plus envie… J’ai trop de projets en cours, je passe de l’un à l’autre et je n’en vois jamais le bout. J’ai l’impression de n’avoir jamais le temps de faire correctement mon travail. Je supporte de moins en moins mes collègues, les demandes de mon responsable. On accepte des projets qu’on ne devrait pas accepter. Le chiffre, le chiffre, toujours le chiffre… Je n’ai pas choisi de faire ce métier pour ça. »

L’épuisement professionnel n’est pas reconnu comme étant une maladie psychiatrique. C'est un processus de dégradation du rapport de l’individu à son travail; processus au bout duquel, complètement vidé de ses ressources, il s’écroule.

C’est quand survient un déséquilibre trop important entre la réalité de notre travail et ce que notre travail devrait être au regard de ce que notre métier représente pour nous.

Des chiffres qui forcent notre inquiétude

Ce sont 2,5 millions de salariés qui seraient en état de burn out sévère après cette longue période de crise sanitaire. C'est ce qui ressort du baromètre du cabinet Empreinte Humaine selon lequel la détresse psychologique des salariés ne cesse de progresser. 

34% de salariés en situation de burn-out, c’est inquiétant et cela mérite que nous y accordions notre attention dans notre sphère professionnelle mais également personnelle.

Selon la même étude, 41% des salariés se tient en état de détresse psychologique. Le terme « état de détresse psychologique » c’est celui qui nous permet d’évaluer le nombre de personnes touchées par la dépression ou l’anxiété par exemple.

Selon l'étude 2022 du cabinet Empreinte Humaine

Le burn-out, ça vient d’où ?

Le syndrome d’épuisement professionnel provient de la rencontre entre un individu et une situation de travail dégradée. 

D’un côté, il y a les caractéristiques liées au travail : intensité/charge de travail, difficultés de conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle, contacts difficiles avec le public, les contrantes sur le rythme de travail, manque de reconnaissance, perte de sens, retard répété dans le versement des salaires ou encore précarité d’un contrat.

Lorsque l’on est confronté d’une manière prolongée à un ou plusieurs de ses facteurs : on peut se retrouver en situation de déséquilibre.

De l’autre, il y a les caractéristiques liées à l’individu : les traits de personnalité peuvent jouer un rôle dans la survenue de l’épuisement professionnel. 

On peut noter :

  • l’instabilité émotionnelle : la tendance à percevoir, construire et ressentir la réalité et les évènements comme menaçant, pénibles et problématiques.
  • le caractère consciencieux : méthodique, soigné, persévérant, méticuleux, organisé
  • L’importance du travail dans la vie et l’identité de l’individu : sens donné au travail, valeurs qu’il véhicule. L’épuisement professionnel peut s’observer chez les travailleurs fortement investis.

 Le burn-out est toujours l’expression individuelle d’un dysfonctionnement organisationnel 

Adrien Chignard, psychologue du travail et des organisations

Nous évoluons dans un environnement auquel nous sommes perméables. Les caractéristiques liées au travail dont donc toujours parties de l’équation même s’il est important de trouver une juste répartition dans les responsabilités (la responsabilité individuelle étant la seconde partie de l’équation).

Quels sont les indicateurs qui permettent d’anticiper l’épuisement des travailleurs ?

Deux types de signaux sont à considérer : 

  • les signaux collectifs : absentéisme de courte durée, démissions, demandes de mutation, turn-over importants, postes non-pourvus, relations sociales détériorées, activité grandissante du service de santé au travail.

Il convient d’être vigilant car ces signaux peuvent traduire l’existence d’une souffrance des travailleurs.

  • les signaux individuels : il est possible de s’interroger sur un certain nombre de questions relatives au vécu du travail. 

Que constate-t-on chez quelqu’un qui souffre du syndrome d’épuisement professionnel ?

Les signes et les symptômes se rapprochent d’un état de stress qui peut devenir chronique et avoir des répercussions sur la santé. 

Le burn-out se traduit de plusieurs manières :

  • Manifestations émotionnelles : sentiment de perte de contrôle, peurs mal définies, tensions nerveuses, irritabilité ou bien ne manifester aucune émotion.
  • Manifestations physiques : troubles du sommeil, fatigue chronique, douleurs rachidiennes (dos, nuque), maux de tête, vertiges, nausées.
  • Manifestations cognitives : perte de concentration, difficultés à prendre des décisions, à raisonner.
  • Manifestions comportementales ou interpersonnelles : repli sur soi, isolement social, agressivité voir violence, perte d’empathie, ressentiment ou hostilité face aux personnes côtoyées professionnellement, recours aux drogues/alcool/médicaments.
  • Manifestations motivationnelles ou liées à l’attitude : désengagement professionnelle, baisse de motivation, moral en berne, effritement des valeurs associées au travail, remise en cause, dévalorisation.

Peut-on mesurer notre état d'épuisement professionnel ?

Il existe différents outils de mesure, le plus connu étant le MBI ( Maslach Burnout Inventory). Ce test vous permet d'évaluer l'atteinte psychologique perçue au travail au travers de 22 questions qui explorent 3 dimensions : l'épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et le degré d'accomplissement personnel au travail.

Il existe aussi l’outil de repérage du burn-out et le stressomètre entrepreneurial de l’observatoire Amarok.

Quelques questions pour mesurer son état d'épuisement professionnel.

Comment soigne-ton un burn-out ?

Pour soigner un burn-out, il convient de prendre soin de deux éléments essentiels :

  • l’organisation, l’environnement et les relations de travail
  • l’individu lui-même 

Dans le cas d’un burn-out dans une entreprise, une démarche collective de prévention doit être mise en place. A défaut, l’entreprise risque d’être confrontée à nouveau aux mêmes maux. Les mêmes causes produiront les mêmes effets. 

Il est donc nécessaire de chercher les causes  et d’avoir une action sur l’environnement professionnel : charge de travail trop élevée, extension des amplitudes horaires, isolement, absence d’espace de discussion, manque de soutien de la hiérarchie ou des collègues ? D’où cela peut-il provenir ? 

« Adapter le travail à l’homme et non pas l’homme au travail »

INRS

Quelles actions peut-on mettre en place pour prévenir ?

Voici quelques exemples d’actions qui peuvent être mises en place :

  • Informer et former les travailleurs pour qu’ils soient en capacité de détecter d’éventuels signaux émanant de leurs collègues ou d’eux-mêmes : faire connaître, faire savoir que le burn-ou n’est pas un signe de fragilité individuelle, sortir de l’isolement, lever les potentiels tabous…
  • Veiller à la charge de travail que l’on soit travailleur salarié ou non-salarié : planification du travail, respect de la prise de congés, réflexion (collective en entreprise) sur les objectifs et les moyens pour les atteindre 
  • Renforcer le soutien social : se sentir aimé et apprécié, être bien entouré par des gens en qui l’on a confiance et qui nous font confiance : cela augmente la capacité à faire face aux évènements traumatiques et protège notre bien-être psychologique.
  • Donner le sentiment au travailleur de participer aux prises de décision, que son avis soit écouté et pris en compte, que son travail soit reconnu.

Pour mener ces actions en entreprise, les services de ressources humaines, l’encadrement, les services de santé au travail jouent un rôle prépondérant.

Pour les travailleurs non-salariés, il est nécessaire de sensibiliser tout l’éco-système de l’entrepreneur : structures d’accompagnement, organisations patronales, Chambre de commerce et d’industrie, Chambre de métiers et de l’artisanat, chambre d’agriculture mais aussi experts-comptables, avocats, et tout autre acteur qui accompagne le dirigeant au quotidien.

Parallèlement, une prise en charge individuelle est nécessaire, idéalement dans le cadre d’un accompagnement avec un professionnel de santé (psychologue, psychiatre, par exemple)

Elle va être adaptée selon la sévérité des symptômes. Elle se fait en plusieurs temps, souvent accompagné d’un temps d’arrêt de travail, permettant successivement :
• le repos

  • la reconstruction identitaire ;
  • la réflexion et la renaissance du désir de travailler ; 
  • la possibilité de retour au travail. 

Comment peut-on aider quelqu’un qui souffre du syndrome d’épuisement professionnel ?

Pour approcher la personne que l’on souhaite aider, on peut commencer par prononcer des phrases simples :

  • «  Je suis inquiet pour toi et je veux t’aider » 
  • «  Je te sens préoccupé en ce moment, tu veux en parler ? »
  • «  Je te sens en souffrance, sache que je suis là pour toi »
Les mots qui sauvent - Affiches issues de la campagne de sensibilisation Santé du Dirigeant

Vous pouvez exprimer votre ressenti en parlant au « Je » et en évoquant des éléments factuels.

Vous pouvez choisir un moment où la personne semble disponible, lui proposer de vous installer dans un endroit calme où vous ne serez pas déranger et débuter une conversation pendant laquelle vous essaierez de « suspendre » votre jugement. 

Il est ensuite possible de l’orienter vers un professionnel de santé, la médecine du travail, le service des ressources humaines ou d’autres ressources comme des associations :

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